Pour financer sa transition énergétique et son industrialisation, l’Afrique doit penser localement
Alors que les marchés mondiaux pensent au monde post-Covid-19 et à la façon dont la pandémie va remodeler les modèles commerciaux, les pays africains font face à une réalité amère : le continent n’est toujours pas entré dans la Quatrième révolution industrielle et se dirige vers sa première récession en 25 ans.
Alors que l’impact de la pandémie sur les économies africaines devrait être moindre qu’en Europe ou en Amérique du Nord, celle-ci met tout de même en évidence la dépendance excessive du continent à l’égard de plusieurs produits de base pour le fonctionnement de ses économies, et le sous-investissement dans ses infrastructures sociales. Pour l’Afrique, la pandémie de COVID-19 se transforme en un signal d’alarme pour trouver de meilleures façons de s’industrialiser, la principale d’entre elles étant l’accès à une énergie fiable, bon marché et propre. En revanche, et compte tenu des contraintes de liquidité sur les marchés mondiaux, le financement de la transition énergétique de l’Afrique et le soutien à son industrialisation nécessiteront de devenir plus compétitifs et de trouver de nouveaux moyens de mobiliser des capitaux dans des industries et projets clés.
Le sujet était au centre d’une discussion en webinaire entre Kola Karim, PDG de Shoreline Energy International, le responsable des investissements chez Vitol Steven Brann, et le Directeur général du Bambili Group Nyonga Fofang. Le webinaire était organisé aujourd’hui par la Chambre africaine de l’énergie et hébergé par Africa Oil & Power.
La clé de l’industrialisation en Afrique est l’accès à l’électricité, qui dépend fortement de la capacité de l’Afrique à bien gérer ses ressources naturelles, en particulier le gaz naturel. Jusqu’à présent, la majeure partie du gaz africain a été produite au profit des marchés étrangers en Asie, en Amérique, en Europe et au Moyen-Orient, où il est expédié sous forme de GNL. Les prix du GNL sont tombés à leurs plus bas niveau et sont actuellement en dessous du seuil de 2 $ en Europe et en Asie, tandis que les producteurs d’électricité africains paient toujours au-dessus de ce prix alimenter leurs turbines. Les prix actuels du marché du gaz naturel devraient rester déprimés pendant un certain temps et devraient inciter fortement les producteurs d’électricité africains à utiliser le GNL comme matière première et à remplacer leurs installations de diesel ou de charbon par du GNL qui peut être facilement acheté sur le continent.
Cependant, une bonne gestion des ressources naturelles de l’Afrique ne se limite pas à la conversion des centrales électriques existantes au gaz afin de bénéficier d’une ressource bon marché et disponible localement. Cela nécessite plutôt une transformation profonde de la façon dont les pays africains voient l’énergie et de la façon dont ils prévoient de dynamiser leurs économies pour aller de l’avant.